L’EXTINCTION DES ORMES: LA FIN DE LA LONGUE HISTOIRE D’UN ARBRE?
Les légendes et les mythes ont beaucoup de choses à raconter sur « l’histoire » des arbres. Il semblerait qu’ils soient enracinés aussi profondément dans la terre que dans l’imagination des hommes. Il en est ainsi des ormes, une espèce qui doit aujourd’hui lutter pour sa survie.
Son évolution semble paradoxale. Selon certaines légendes, les ormes et les frênes sont décrits comme étant à l’origine du premier couple d’êtres humains. Si l’on considère aujourd’hui l’état des ormes dans nos forêts, nos prairies, parcs, allées et jardins, on remarque que ces arbres offrent un spectacle de désolation, frappés par cette maladie, connue entre temps dans le monde entier: l’extinction des ormes progresse inexorablement.
Toute l’Europe et l’Amérique du Nord sont touchées par l’extinction de l’orme dans des proportions dévastatrices. Là où, jadis, des spécimens magnifiques contribuaient à l’agrément et l’ornement des centres-villes, la tronçonneuse a dû intervenir et mettre un terme à leur existence.
Des allées entières sont et ont été abattues, victimes de la maladie. La replantation d’espèces d’ormes particulièrement résistantes est à l’heure actuelle la seule possibilité d’assurer le retour de cet arbre porteur d’une riche tradition.
LES FACTEURS RESPONSABLES DE LA DESTRUCTION: UN CHAMPIGNON ET UN COLÉOPTÈRE
La lumière a été faite sur les causes de la maladie de l’orme (la graphiose de l’orme). Elle est déclenchée par le champignon « Ophiostoma ulmi ».
L’origine de cet agent pathogène introduit en Europe et en Amérique ne peut pas être reconstituée de façon définitive. Il est néanmoins probable qu’il serait venu d’Asie au début de ce siècle.
Les principaux agents responsables de la propagation de la maladie sont des coléoptères: les scolytes.
Il est considéré comme certain que la graphiose de l’orme ne serait pas devenue un tel fléau si les scolytes n’avaient pas propagé les spores du champignon collés à leur carapace. C’est presque exclusivement dans les vaisseaux où ils se nourrissent, sous l’écorce des arbres atteints, que les scolytes sont au contact du champignon. Les larves sont contaminées lorsqu’elles se frayent un chemin en se nourrissant dans zone située sous l’écorce. Elles sont également contaminées par les myceliums, ou au contact des spores que le scolyte « reine » a introduit dans les vaisseaux conducteurs des arbres sains.
Au printemps, les jeunes scolytes quittent l’arbre et cherchent à rejoindre les couronnes d’arbres sains pour s’y nourrir d’écorce
gorgée de sève des branches secondaires. Les spores qui adhèrent au scolyte pénètrent dans les vaisseaux conducteurs. Dès lors, l’arbre est contaminé.
L’effet toxique de la contamination consiste avant tout dans le fait que l’alimentation en eau de l’orme est interrompue. Le champignon provoque une obstruction des vaisseaux chargés de l’apport en eau dans le tronc. La couronne de l’arbre se dessèche. Des ormes particulièrement solides et sains sont, dans une proportion importante, sujets à contamination. L’interruption de ce cycle mortel est rendue possible par le développement de nouvelles espèces extrêmement résistantes à la graphiose de l’orme: les ormes « Résista ® » de EISELE GMBH de DARMSTADT que nous souhaitons vous présenter maintenant de façon plus précise.
LE LONG CHEMIN MENANT AUX ORMES RÉSISTANTS
Le travail des scientifiques a commencé en 1920/21, juste après la découverte et la description de l’agent pathogène provoquant la graphiose de l’orme. Leur objectif était de trouver des ormes très résistants et d’en développer de nouveaux.
De nombreuses recherches entreprises par les scientifiques n’ont pas donné satisfaction et tournèrent court. Tantôt la croissance, la forme et le feuillage s’avéraient décevants, tantôt un nouveau mycélium plus agressif commençait son travail destructeur anéantissant des années de travail.
C’est dans les années 1930 que le dépérissement des ormes a commencé à se propager aux Etats-Unis. Presque tous les ormes ont été anéantis en peu de temps par la graphiose, en particulier des spécimens imposants situés dans les espaces verts des villes de l’est des U.S.A. et du Canada.
On a fait appel alors à des scientifiques de l’université du Wisconsins auxquels on a demandé de développer des ormes résistants aux maladies. Le professeur E. B. Smalley s’est chargé de cette mission en 1958.
II s’est rendu pratiquement dans le monde entier et a réuni les matériaux de reproduction de toutes les espèces d’ormes qu’il a pu trouver.
Pour ses cultures, il a sélectionné des espèces asiatiques, européennes et américaines: Ulmus parvifolia, U. pumila, U. willichiana, U. japonica, U. laciniata, U. villosa, U. wilsoniana, U. carpinifolia, U. glabra, U. laevis, U. americana, U. rubra, U. thomasii, U. Mata, U. serotina et U. crassifolia.
Des plantes issues de ces espèces ont été cultivées et contaminées artificiellement dans leur troisième ou quatrième année, époque où la circulation de la sève est maximale. Puis, on a testé leur résistance face à un grand nombre de races du pathogène d’origines diverses.
Beaucoup d’espèces sensibles ont été éliminées. D’autres se sont révélées relativement résistantes même après de nouvelles inoculations.
A l’issue d’autres croisements contrôlés des espèces restantes, des espèces hautement résistantes et adaptées à la culture en Europe ont fini par se stabiliser.
APRÈS PRESQUE QUARANTE ANS DE PATIENCE, L’ORME EST DE RETOUR
Le professeur Smalley a transmis les résultats de ses travaux à une fondation: la WÀRF (Wisconsin Alumni Research Fondation), U.S.A. Cette fondation a cédé les droits pour l’Europe aux pépinières EISELE GMBH de DARMSTADT
Dans les années 1980 un vaste programme de test concernant la capacité de résistance a commencé, en collaboration avec l’Institut Fédéral de Biologie de Darmstadt.
Dans le même laps de temps on a sélectionné
les espèces qui, dans les conditions locales étaient les mieux adaptées aux besoins: forêts, parcs, jardins, villes.
Pour ces ormes, aux qualités exceptionnelles sur le plan de leur résistance aux maladies, de la rapidité de leur croissance et de leur faculté d’adaptation par rapport au milieu, un nouveau nom a été créé et protégé par une marque: l’orme Résista(R).
Celui-ci a été enregistré auprès du service fédéral pour la protection de l’appellation des espèces.
A partir de ce programme huit espèces sont actuellement protégées en Allemagne et sept autres sont enregistrées auprès des services européens de protection des espèces. II est très vraisemblable que celles-ci , suite aux résultats obtenus en Allemagne, seront également protégées à l’échelle européenne.
L’orme existe donc de nouveau. La question de savoir si l’orme aurait réussi de lui-même à surmonter le caractère malin de la maladie sur plusieurs siècles reste posée.
Cette espèce a, en tout état de cause, été sauvée en moins d’un demi siècle grâce a ses travaux ciblés de culture. Même les insectes adaptés à ce milieu se réjouissent de la présence de ces nouveaux Ormes. Le scolyte a lui aussi trouvé un nouveau refuge dans cet orme résistant.
C’est en 1995 qu’un directeur de l’office allemand des forêts, Mr. Kettering, a découvert ce coléoptère sur l’orme résistant de la variété ‘sapporo Autumn Gold’. Ceci est d’autant plus remarquable que l’on considérait jusque là comme certain que le scolyte de l’orme ne pouvait survivre que sur l’orme champêtre.
Les ormes RESISTA ® créent un espace vital, peu un porte qu’ils soient plantés en pleine nature ou dans un cadre urbain organisé.
EISELE GMBH de Darmstadt produit et distribue les ormes résistants en partenariat avec quelques autres pépiniéristes européens.
Sélectionnées pour la France la production et la diffusion des ormes Résista ® a été confiée, depuis 1997 aux pépinières Rouy-Imbert à Montfavet près d’Avignon (84140). Ces ormes sont proposés en arbre tige, fléchés, dont la circonférence au moment de la mise en marché est de 18/20 à 35/40.
Chaque orme Résista® est identifié par une étiquette numérotée, un transpondeur (puce électronique) est implanté dans chaque arbre, un certificat d’authenticité est fourni lors de la facturation.
EISELE GMBH de Darmstadt certifie que l’orme portant l’appellation ‘orme Resista’® qui figure sur l’étiquette est particulièrement résistant à la graphiose de l’orme dont l’agent pathogène est le champignon ‘Ophiostoma ulmi’